vendredi 17 avril 2009


Tanger, Hotel Continental. 17 avril 09.

Suis sur la terrasse du Continental. Je bois un mauvais café et me réveille au gré des gorgées. Je regarde le soleil se débaucher sur les collines environnantes, sur la mer. Le détroit est calme et gris, bigarré par quelques flaques de lumière. Je vois des dockers s'affairer autour de containers multicolores et rouillés. Un chien aboie. Un coq gueule... et je fume clope sur clope, comme toujours, comme partout. 

Me suis réveillé de bonne heure ce matin. À 5h30, avec les dévots mahométans et le soleil. L'appel à la prière réverbéré par les falaises sur lesquels grimpe la Médina. Écho surréaliste. Intemporel.


J'ai enfin du temps pour me poser. Pour boire des cafés à l'infini et organiser mes carnets. Pour reprendre un blog, créé ad-hoc pour un autre voyage, que je n'ai jamais vraiment utilisé. Faute de temps. Faute d'envie. Parce que l'instantanéité qu'exige bloguer me fait un peu chier. Mais bon, je n'écouterai pas les braves conseils de mon ami Alex qui m'a suggérer de ne plus jamais bloguer et je vais quand même poster mes "humeurs" en tentant d'augmenter ma moyenne d'un post par année...

Si jamais y'a des incongrus - et pas seulement que des amis qui veulent être sympas - qui daignent lire mes interminables lignes; je suis en Voyage, avec un grand blond bourru que j'ai jadis rencontré au Maroc. Nous sommes en route vers l'endroit où nous nous sommes rencontrés il y a 6 ans. (C'est un peu le pèlerinage d'une amitié. L'excuse d'un voyage.) Lui doit produire le projet final de son école de cinéma. Nous tournons donc un film qui n'a pas vraiment de scénario, mais simplement une quête : retrouver un ami marocain qui habite le désert. Nous avons perdu tout contact avec lui depuis 5 ans: pas de mail, pas d'adresse, pas de téléphone. Afin de le retrouver, juste une technique éprouvée depuis la nuit des temps, depuis que les sémites sont sémites : le téléphone arabe. Et une photo:


 

Bonne lecture aux courageux - ou à ceux qui ont du temps à perdre.

...




J'suis arrivé en Suisse jeudi dernier. Un autre chez moi en quelque sorte… Zéro dépaysement. (Si ce n'est qu'en certains cantons l'on puisse encore fumer sauvagement à l'intérieur.) Puis, évidemment et trop rapidement, Vevey et le Bout du Monde – le bar, je précise. Deux jours d’inévitables cuites avec les potes, d’interminables tasses de café au Cep et d’errances mélancoliques au bord du lac… J’y ai même croisé Marco Calliari(?) suivi d’une pompe de groupies québécoises, toutes languides et infirmières au CHUV de Lausanne. La soirée s’est terminée dans le caveau du BDM avec les musiciens et les infirmières, tous ronds comme des barriques et lascifs comme Éric Poirier su'l spanish fly.

Une des infirmières, décidément fière de son clivage, me crissait ses grosses boules tachées de bière en plein visage. C’est finalement la vedette du jour qui m’a tiré d’une situation qui devenait franchement embarrassante. (Ça devenait du wet t-shirt inconscient tellement elle titubait avec son verre de bière. Du gros jus d'houblon qui n'en finissait plus de couler entre ses mamelles préhistoriques et, accessoirement, sur moi-même. Tout ça pendant qu'une autre infirmière s'occupait à photographier les nichons de son amie en se promettant de les taguer sur FB.) Le chanteur et l'infirmière ont finalement disparu vers les loges à l’étage, en valsant comme des ivrognes en rut. Suis parti dormir. Saoul comme une botte. En oubliant la marche étrangement itérative du monde.

Départ le lendemain pour la grande route. Avec une gueule de bois digne du pire vin grec. Nous sommes partis depuis Vevey vers Lausanne. Direction Évian par le ferry. C’est le voyage qui commence. Nous débarquons du bateau et tout de suite y’a plein de détritus qui jonchent les caniveaux et le trottoir, les cabines téléphoniques puent l’urine et les bagnoles sont vieilles et rouillées. Tout atteste brutalement la France, bien que le paysage soit identique…


On marche un peu, vers la Nationale. Sort le pouce, pas trop longtemps. Un type s’arrête et nous avance sur quelques kilomètres. On s’est retrouvé de retour en Suisse à force de zigoner sur les petites routes. Au beau milieu de la campagne genevoise. Au beau milieu des champs de blé. Du gros bucolique de carte postale avec en prime des petites fleurs jaunes partout. Mignon.

On attend un peu sur le bord du champ. Tout un corso de bagnoles de luxe qui nous passent sous le nez, avec à leur bord des vieux bourges aux gueules de patriarche calviniste. Une vielle mami s’arrête. Les différents morceaux de sa voiture tiennent par la grâce de Dieu. Idem pour ce qui est de sa conduite. Elle manœuvre tout croche. Appuie sur le frein et l’accélérateur en même temps. Elle est toute gentille. Respire la bonté. Elle finit par pour nous laisser à un autre poste-frontière. Schengen a fini de vider les guérites. On passe à pied s’en se faire emmerder.

Dès qu’on repasse du côté français, on retrouve des poubelles éventrées, des chars qui pourrissent dans les ornières et des murs de crépis décrépis. Vouloir faire plus cliché on serait pas capable. C’est triste à dire, mais c’est un peu ça, la France. Un beau pays salopé par ses citoyens. Ensuite, pas difficile de croire qu’on chiait derrière les rideaux à Versailles !







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